Le parcours de la Via Francigena en traversant les Apennins est un moment clé de notre périple. Nous sommes arrivés à la fin de cette traversée, passage entre le nord et le centre de l’Italie, entre l’Emilie Romagne et la Toscane. Nous allons longer la Méditerranée pendant quelques jours avant de nous lancer dans la traversée de la Toscane. La plaine du Pô bien que toute plate a été redoutable, des rizières à perte de vue pendant plusieurs jours, un soleil de plomb et … des « zanzare » - moustiques – en veux-tu en voilà.
Les replis et les paysages sur la Via Francigena en traversant les Apennins furent donc un réel soulagement pour les yeux et pour le moral. Cette montagne un peu snobée, est pourtant intéressante. Elle nous a rappelé notre expérience de la traversée de la Corse. Mais cela se mérite toutefois. La descente vers la Méditerranée représente en un jour une distance de 25 kms, un dénivelé positif de 700 m (passage de plusieurs cols) et surtout un dénivelé négatif de 1500 m.
Les paysages de la Toscane ne sont plus à vanter. Nous allons donc pouvoir bientôt en profiter ainsi que de la beauté de certaines de ses cités légendaires.
Abécédaire du vécu du pèlerin (II)
Tout en voyageant sur la Via Francigena en traversant les Apennins, voici maintenant la suite de l’abécédaire du pé-èlerin. Nous l'avions entamé dans l’article précédent.
Pour le E
Eloignement : nous avons le sentiment de ne pas en souffrir ; c’est avant tout l’absence de nos proches et des amis qui se fait le plus ressentir ; mais notre « chez nous » ne nous manque pas vraiment ; nous y pensons très peu ; il y a nécessité pour le pèlerin d’être focalisé en permanence sur le présent, sur le quotidien ; mais peut-être la nostalgie nous prendra-t-elle à un moment ou l’autre ?
Ecrire : un petit mot échangé avec un habitant, un évènement particulier vécu avec un autre pèlerin, un paysage ou un site remarquable, … il se passe tant de choses chaque jour ; sans une prise de notes régulière, une bonne part de notre vécu serait irrémédiablement oublié.
Eglise (et son clocher) : point de repère équivalent pour le terrien randonneur au phare du navigateur.
Etape : la préparer, la faire, l’appréhender, on s’en rappelle ou on ne s’en rappelle plus, … c’est ce qui jalonne le périple.
Pour le F
Facile : une question (une remarque) qui nous est souvent formulée est : « mais cela ne doit être pas être facile » ; dans un certain sens tant que le plaisir est là, cheminer ne semble pas difficile ; mais différentes circonstances peuvent venir installer le doute – la fatigue, un problème physique, une étape trop longue, une région moins attrayante, …
Fatigue :
- Pendant les 5 premiers kms – je me sens en forme aujourd’hui ; j’ai l’impression que je pourrais aller au bout du monde.
- Arrivé à 10 kms – est-ce qu’on ne ferait pas une petite pause ?
- Dès qu'on a atteint 15 kms – cette fois, on fait une bonne halte et peut-être bien une petite sieste.
- Après 20 kms – encore combien de kms ?
- A 25 kms – c’est trop long cette étape ; plus question d’en faire une aussi longue.
Fenaison : des ballots, on en a vu de toutes les sortes : de foin, de trèfle, de luzerne, de paille, … des rectangles, des ronds, des courts, des longs, …, des emballés, des enroulés, des tous nus ; et les machines pour les préparer, les fabriquer et les transporter, nous en sommes devenus experts ; nous préparons une conférence scientifique sur le sujet.
Fleurs : comment en parler ? en réalité, seul le fait de les admirer en donne toute la saveur, toute la valeur. Nous pouvons bénéficier de la meilleure saison pour en profiter.
Forme : état fluctuant d’un jour à l’autre sans trop savoir pourquoi ; la qualité du sommeil, l’état des pieds ou la qualité de ceux qui nous accompagne influent-ils ou pas ? En cas de méforme, il suffit souvent d’attendre le lendemain pour que tout rentre dans l’ordre.
Pour le G
GPS : objet de tous les espoirs et de tous les mépris ; espoirs, quand il nous prédit un chemin limpide à notre mesure ; mépris, quand il semble se tromper lui, instrument scientifique qui se doit à l’exactitude.
Gratuit : le lit offert pour une nuit de repos, le sourire de celui qui vous accueille, la source d’eau pour remplir sa gourde, le champs de fleurs qui s’étale à vos pieds, le petit vent frais au sommet de la colline, la conversation par-dessus la haie, mais aussi … l’aboiement incessant des chiens quand le pèlerin passe, le bruit des moteurs qui trouent, coupent, transportent, les détritus laissés sur l’accotement qui est votre quotidien, …
GEOMOUN : un projet, des valeurs, des actions concrètes au bénéfice d’enfants auxquels le monde des adultes offre si peu, pour lesquels notre pas se trouve encouragé et qui donne une quatrième dimension au paysage qui nous entoure.
Pour le H
Hospitalité : ce sont les initiatives prises particulièrement en Italie par des communautés locales (civiles ou religieuses) pour prévoir un logement décent à moindre coût pour les voyageurs au long cours.
Histoire : celle que l’on se raconte entre pèlerins, celle qui nous revient à diverses occasions sur le chemin, celle dont les pays, les régions, les villages, les gens, les monuments sont les témoins et qu’ils nous disent à leur manière, celle que nous construisons pas à pas et que nous vous raconterons à notre retour.
Pour le I
Idée : celle que l’on se fait, celle qui surgit soudain, celle qui nous poursuit, celle qui s’affine, celle que l’on partage, celle qu’on rejette, …
Incommodité : Sentiment ou réalité ? Les chaussures qui serrent, les pieds qui chauffent, le sac trop lourd, le dos qui se courbature, les insectes qui agacent, le soleil de plomb, … Un jour on la sent, le lendemain pas. Sentiment ou réalité ?
Itinéraire : Sommes-nous sur le bon sentier ? Où est le fléchage ? Que dit la carte ? Que dit le GPS ? N’est-on pas perdu ? L’itinéraire qui rassure … est aussi la source de bien des incertitudes et de bien des questions.
Pour le J
Jambes : « aller à grandes enjambées », oui mais pas trop, il convient de ménager sa foulée ; « prendre ses jambes à son cou », cela n’a pas encore été nécessaire, ce serait de toute façon malaisé avec un gros sac ; « en prendre par-dessus la jambe », à ne pas faire car c’est la chute assurée ou à tout le moins mettre à mal notre projet ; « avoir les jambes coupées », « avoir les fourmis dans les jambes », plus on avance plus nous ne le sentons pas …
Jardin : « … dans la plaine les baladins s’éloignent au long des jardins … » (Baudelaire) ; mais qu’ils sont mignons ces jardins ; on en voit de toutes les sortes et les gens qui les cultivent aussi ; ils sont parfois l’occasion d’une conversation.
Pour le K
Kilomètre (« kil » pour les suisses, « chili » - prononcer « kili » - pour les italiens) : mesure la plus généralement utilisée pour évaluer le chemin à parcourir, parcouru ou restant à faire ; mais tous les kilomètres ne sont pas les mêmes : sur le plat, en montée, en descente, sur le sentier, sur la route, dans les champs, dans les bois, en ville, … Bref tous les kilomètres sont à faire mais ils n’ont pas la même valeur.
(suite de l’abécédaire à un prochain article)
Alors que nous voyageons sur la Via Francigena en traversant les Apennins, voulez-vous nous soutenir en soutenant Geomoun ?
Un certain nombre d’entre vous nous ont déjà soutenus au travers d’un don à Geomoun. Merci et gratitude à eux pour ce geste qui répond à notre appel. Mais la cagnotte doit encore monter pour que l’association puisse répondre à tous ses projets.
Alors une fois de plus, nous relançons notre appel à votre générosité que nous savons sans limites. Aidez-nous en aidant Geomoun ! La meilleure formule ? Effectuer un ordre permanent. Ne fut-ce que 5 € ou 10 € par mois. Ce sera un geste important pour les enfants d’Haïti. Faites-le de suite pour ne pas oublier. Cliquez sur le logo de Geomoun ci-dessus à droite.
« Quand vous marchez, laissez vos pensées prendre la couleur de ce que voyez ! » Cette pensée de Robert Louis Stevenson nous anime sur la Via Francigena en traversant les Apennins.