Souvenirs d'une région et d'une population accueillante.
La Covid-19 s'est répandu partout en Italie et en Europe. L'épreuve qui traverse nos pays, nous ramène sur les routes que nous avons parcourues. Voici presque deux ans, nous prenions notre bâton de pèlerin. De Belgique jusqu'au coeur de l'Italie, un voyage de 97 jours nous a permis de visiter différentes régions aujourd'hui meurtries.
Des images de toutes ces contrées de Belgique, France, Suisse et Italie resurgissent instantanément. Mais plus que les paysages, ce sont les gens qui reviennent à notre mémoire. Des flashs de visages, de paroles, de rencontres, de scènes, ... jaillissent sur l'écran de nos souvenirs. Et nous ne pouvons nous abstenir d'y accoler celles qui défilent sur nos écrans de télévision. Dans cette terrible épreuve, c'est la situation de l'Italie qui nous touche plus particulièrement.
Santhia, Vercelli, Orio Litta, Pavia, Piacenza, Fiorenzuola, Fidenza, ... les noms de nos étapes sur la Via Francigena en Lombardie et en Emilie Romagne s'égrainent. Pour le moment, ces terres sont particulièrement agressées par le virus semant mort et désolation. Pourtant combien ce pays ne nous fut-il pas accueillant ! Combien de portes ne s'étaient-elles pas ouvertes à notre passage ! Combien d'accueils pour une nuit, pour un repas n'y avons-nous pas reçu ! Aujourd'hui, voilà ces terres de patrimoine, de culture agricole et de dur labeur envahient par ce mal sournois et meurtrier.
Le nord de l'Italie en première ligne.
Débarquant de la lointaine Asie, le fléau s'est infiltré en catimini pour surprendre ces régions qui n'y étaient pas préparées. Elles ont dû y faire face dans la précipitation, sans expérience et sans arme. Comme une avant garde, nous savons maintenant qu'elles ont subi les premiers assauts brutaux de cette guerre sans merci.
Avec courage, elles ont réagi avec les moyens du bord. Elles ont inventé et testé les premières stratégies pour résister. Mais dans ces conditions, le combat est inégal. Nous voyons qu'avec détermination les services médicaux, les services de sécurité et les autorités mènent un combat acharné. Cependant le retard pris se paie durement. Le mal ne lâche pas sans emporter son lot de victimes.
Ces visages qui nous reviennent, nous ne pouvons pas les écarter de nos mémoires. Où sont-ils aujourd'hui ? A quoi sont-ils soumis ? Ont-ils pu se mettre à l'abri ? Ont-ils pu se préserver avec leurs proches ? Ou bien l'adversité les a-t-elle déjà irrémédiablement marqués ? Ne doivent-ils pas faire face à de pénibles conséquences ?
Compassion pour nos amis italiens.
Nous espérons pour eux qu'il n'en est rien. Mais nous savons que, vu le nombre de personnes concernées dans ces régions italiennes, il doit en être qui souffrent inmanquablement. A cette pensée, nos coeurs se serrent. Notre désir est de pouvoir porter un peu de ce poids, de partager une part de leur souffrance, de leur tristesse et de leur angoisse.
Il nous revient cette scène des quelques pas où nous accompagnons Irma qui se dirige vers le cimetière de Virgoletta. Comme tous les jours, elle va se pencher sur la tombe de son fils, disparu trop tôt. Nous avions pu partager ce moment avec elle et la réconforter quelque peu. D'ici quelque semaines, une fois la faucheuse passée, combien d'Irma vont-elles cheminer de grand matin sur le chemin du cimetière ? Qui sera là pour partager un peu de leur peine ?
Ce Covid-19 qui s'est installée en Italie et en Europe nous plonge, eux en Italie comme nous en Belgique, face à de difficiles paradoxes. Notre solidarité est sollicitée. Naturellement pour cela, nous sommes portés à nous encourir auprès de ceux qui nous sont chers. Et bien non ! Pour les préserver, il nous faut nous éloigner. Alors que la peur nous tenaille, nous sommes prêts à dévaliser les magasins pour calmer nos inquiétudes. Et bien non ! Ne paniquons pas ! Emportons avec calme juste ce qu'il nous faut afin que les autres puissent trouver aussi ce dont ils ont besoin.
Une épreuve mais aussi un apprentissage.
Deux semaines après les italiens, nous voici face aux mêmes réalités. Mais nos autorités ont déjà pu prendre rapidement de bonnes dispositions. Elles ont tiré très vite les enseignements de leur expérience. Nous pouvons espérer qu'une proportion moindre de nos concitoyens sera atteinte. Et dès lors l'impact en nombre de décès serait comparativement fortement diminué.
Il semble clair que nous allons aussi apprendre par ces évènements. Nous allons questionner nos habitudes, nos critères. Nos valeurs vont certainement évoluer et s'affiner. Notre société toute entière va évaluer son fonctionnement, ses modes de production, d'organisation, d'échange et de communication.
Inmanquablement, l'épreuve va nous transformer individuellement et collectivement. Nul doute que ce sera en mieux !