Changement de région
Pour continuer notre périple Namur-Assise en Toscane et en Ombrie, c’est la région de Sienne qui nous a ensuite accueillis. Son relief prononcé fait qu’on parle des montagnes siennoises. Sa terre d’un ocre rouge foncé est remarquable, ce qui a donné l’appellation de « terre de Sienne ». La ville compte de nombreux palais de la renaissance et une cathédrale somptueuse (Le Duomo).
Les régions que nous traversons après Sienne sont typiques des paysages connus de Toscane. Les collines aux couleurs brulées ondulent tout au long du chemin. Pour la dernière partie, nous quittons la Via Francigena après la sympathique localité de Buonconvento. Nous nous dirigeons vers l’Ombrie. La région est caractérisée par ses vallées qui donnent des noms particuliers à des petites régions (Isola, Arbia, Orcia, …).
Quelques localités moyenâgeuses et enfin Assise
Nous avons quitté la Toscane après Montepulciano, jolie ville ancienne perchée sur son promontoire. Encore quelques escarpements du haut desquels nous apercevons le lac Trasimeno, quelques localités renfermées dans leurs murs moyenâgeux (Paciano, Panicale, Torgiano) et peu à peu Assise apparaît au loin accroché au Mont Subasio.
Une dernière ascension vers une des portes qui s’ouvre dans l’enceinte de la ville puis nous entrons dans un décor certes très touristique mais néanmoins magnifique. Nous ne pouvions rêver mieux comme apothéose et point final de notre périple. La ville est imprégnée de spiritualité vouée aux valeurs de St François et de Ste Claire. Tout cela reste assez en décalage avec la foire mercantile qui y a pris très largement sa place.
(voir les cartes de cette partie du périple de Namur à Assise, partie de la Toscane à l'Ombrie)
Abécédaire du vécu du pèlerin (III)
Après la description de la fin de notre périple, voici maintenant la suite et fin de l’abécédaire que nous avions développé dans les articles précédents.
Pour le Q – R
Quotidien : comme dans la vie de tous les jours, le pèlerin se crée très vite sa routine. Il se donne ainsi ses habitudes quotidiennes de pèlerin. Étonnant donc comment on quitte une manière de vivre pour s’en recréer de suite une autre.
Ramer : « Rame, rame, rameur, ramez …. Tu n’pourras jamais tout quitter – Tais-toi et rame. » (Souchon). En train de marcher inlassablement, cette petite chanson a trotté souvent dans notre tête et égayé notre marche.
Retour :
- Début du voyage : « je veux oublier que le retour est inévitable » (Ella Maillard)
- Au bout de quelques semaines : « l’absolu est un voyage sans retour » (Léon Bloy)
- Mais à un moment, il faut se rendre à l’évidence qu’on a des limites, les accepter et qu’il est sage d’envisager le retour.
Rêve : faire un tel périple, c’est un peu comme faire un rêve éveillé de plusieurs mois. Après être rentré, on se dit qu’il va continuer à nous pousser vers de nouveaux projets.
Rire ou sourire : c’est un petit rien à distribuer sur son chemin. C’est presque rien mais c’est beaucoup. Cela rend heureux et c’est contagieux.
Route : celle où roulent les voitures. Elle est détestée du pèlerin et dangereuse. Chauffant sous le soleil, elle fait mal aux pieds. Pour l'éviter, si c’est possible, le pèlerin utilise les bas-côtés, marche dans les champs qui la bordent, trouve un chemin de traverse.
Pour le S
Sac à dos : c’est un peu son « chez soi » que le pèlerin emporte avec lui. Mais il ne peut tout emporter. Le sac à dos est donc un apprentissage du renoncement. De plus son confort est essentiel à la qualité de vie du pèlerin.
Soir (soirée) : dans les hébergements, c’est un moment de ressourcement pour le pèlerin. Prendre un bon repas pour reconstituer ses forces. Instant social par excellence et d’échanges avec les compagnons de route. Moment souvent court car la nécessité de prendre du repos se fait vite ressentir.
Spirituel : marcher est un acte physique avant tout. Mais cela n’empêche pas la pensée de vagabonder aussi. Le pèlerin peut sans doute aussi parfois entrer dans des phases de méditation.
Pour le T
Temps (météo) : y-a-t-il une météo idéale pour le randonneur ? Le temps peut être trop chaud, trop froid, trop sec, trop pluvieux, trop venteux. Toutefois une température qui ne fait pas suer, un petit vent qui rafraîchit et pousse dans le dos, quelques gouttes qui réhydratent, sont des circonstances climatiques que le randonneur peut apprécier.
Terre : là où le pèlerin pose ses pieds pas après pas. Il faut donc la respecter, l'admirer. D’autant qu’elle peut prendre toutes les couleurs, de la blancheur de la craie en champagne à l’ocre de la terre de Sienne.
Trace : celle qui est marquée par différents signes sur le bord du chemin, celle qui est dessinée sur les cartes, celle que vous suivez avec votre GPS. Mais aussi celle des animaux qui sont passés là bien avant vous ou celle des randonneurs qui vous ont précédés quelques heures plus tôt.
Pour le U - V
Urbain : on a souvent l’image du pèlerin cheminant par les champs mais il est amené un certain nombre de fois à devoir traverser des hameaux, des quartiers, des villes dans un milieu urbanisé. C’est là que la rencontre avec les humains s’effectue le plus souvent. Mais ce qui caractérise particulièrement le milieu urbain c’est le bruit, et plus particulièrement l’aboiement du chien. Le pèlerin s’interroge souvent sur sa fonction et la manière dont il est éduqué par ses maîtres.
Vie : à quoi sert de partir sur les chemins si ce n’est pour faire une nouvelle expérience de vie. Vivre autre chose, vivre autrement, vivre autre part, vivre au jour le jour, vivre de l’air du temps, vivre passionnément, …
Voyage : un long périple à pied est un voyage aux multiples visages, voyage dans le monde mais aussi voyage intérieur. Il permet donc d’explorer un monde extérieur autant qu’intérieur.
Pour les W – X – Y – Z
Wifi : moyen moderne utilisé par le randonneur pour se raccrocher au monde qu’il connaît et qui le connaît. Cela a pour conséquence que le pèlerin moderne, s’il le désire, ne se trouve plus isolé de son univers habituel. Heureusement les aléas du chemin ont tôt fait de lui rappeler que ce sentiment n’a qu’un caractère relativement virtuel.
Zanzare (« moustique » en italien) : le mot italien en dit déjà beaucoup sur le son qu’il fait résonner à l’oreille, sur son caractère harcelant et agaçant. Malgré les produits sensés les éloigner, ils ne manquent pas de vous rappeler leur présence dès que les rayons du soleil sont cachés.
Quelques statistiques de notre périple
- Distance : 1.850 kms.
- Durée : 97 jours soit 14 semaines ou 3 mois et 1 semaine.
- Poids des sacs : 8 kgs pour Bernie, 15 kgs pour Jacques
- Longueur des étapes : 7 jours de repos, 2 petites étapes de moins de 10 kms, 10 étapes entre 10 et 15 kms, 35 étapes entre 15 et 20 kms, 29 étapes entre 20 et 25 kms, 14 étapes entre 25 et 30 kms.
- Types d’hébergements : 6 X famille ou amis, 2 X chez l’habitant, 13 X gîte communal ou gîte d’étape, 15 X accueil paroissial ou accueil pèlerin, 9 X couvent ou monastère, 11 X auberge de jeunesse ou institution de jeunes, 21 X chambre d’hôtes, 20 X petit hôtel.
- Météo : 58 jours de plein soleil, 22 jours ensoleillés avec quelques nuages, 4 jours de ciel couvert, 10 jours avec un averse passagère durant la journée, 3 jours avec un orage, pas de journée de pluie continue.
- Température en pleine journée : pas de journée de moins de 10°, 3 jours entre 10 et 15°, 11 jours entre 15 et 20°, 27 jours entre 20 et 25°, 25 jours entre 25 et 30°, 24 jours entre 30 et 35°, 7 jours entre 35 et 40°.
« Le voyage est un retour vers l’essentiel. »
Proverbe tibétain.
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